Examens EATA : une aventure humaine… en toute humilité !

Fabienne Bugnon est coach de vie et conseillère psychologique.
Elle se forme à l’Analyse Transactionnelle dans le champ Conseil.

Après avoir œuvré en tant que bénévole lors des examens EATA qui se sont déroulés les 19 et 20 novembre 2022 à l’Hôtel de la Longeraie à Morges, cette citation m’est apparue comme une évidence.

Si le bénévolat n’est pas payé, ce n’est pas parce qu’il ne vaut rien, mais parce qu’il n’a pas de prix.

Sherry Anderson

Lorsque je me suis inscrite, je n’aurais pu imaginer ce que j’allais découvrir et surtout « qui » j’allais rencontrer.

Dès notre arrivée le samedi matin, nous avons été « briefées » sur les différentes activités et responsabilités qui allaient nous occuper durant cette fin de semaine. Notre mission était de faciliter la tâche des organisatrices, des candidats et des examinateurs.

Afin d’être visibles, nous nous sommes vêtues d’un haut rouge sur lequel était collé une croix blanche, ainsi que notre nom et prénom. Sans que je ne puisse véritablement l’expliquer, le contact entre nous s’est fait naturellement. Je n’ai senti ni concurrence, ni compétition, juste une envie commune de donner le meilleur de nous-mêmes, afin de mener à bien notre apostolat.

Avant d’entrer dans les détails, j’aimerais vous relater une petite anecdote qui nous a bien amusées. Une candidate nous a demandé sur le ton de l’humour si elle pouvait compter sur nous en cas de malaise ou d’évanouissement lors de sa soutenance. Je lui ai répondu : « bien sûr, nous appellerons le 144 » ! Il est vrai que notre croix blanche sur fond rouge pouvait laissait penser à une brigade de la Croix Rouge.

Rapidement, nous nous sommes mises à l’œuvre et sommes parties en reconnaissance, afin de préparer les salles, coller des affiches sur les portes où allaient se dérouler les examens CTA et TSTA.

Après avoir fait le repérage des lieux et suivi les consignes reçues, nous avons accueilli les onze candidats venus passer leurs examens EATA, ainsi qu’une soixantaine d’examinateurs de pays différents.

Au cours de ce week-end, j’ai senti l’énergie de notre « Enfant Libre » s’exprimer librement et de manière spontanée. Un sentiment de joie et l’euphorie de nos rencontres rendaient notre tâche excitante et amusante. Pour preuve, les rires partagés lors de la préparation des plateaux de fromages et taillés aux greubons dans la cuisine de l’hôtel, rendant cette expérience des plus improbables.

Notre « Parent Nourricier » prenait soin d’apporter le soutien et la sécurité nécessaires aux personnes nerveuses et stressées de passer leurs examens. Durant ces moments, nous avons accueilli et partagé leurs émotions, nous les avons accompagnées lorsqu’elles se sentaient perdues dans les dédales de l’établissement à la recherche de leur auditoire.

Afin de donner une structure et un cadre rassurant à chacune des personnes présentes, une salle fut dédiée pour que chacun et chacune trouve ou demande ce dont il ou elle avait besoin de savoir quant à l’organisation de ces deux jours. Des feuilles de « flipchart » étaient affichées tout autour de la pièce, sur lesquelles étaient mentionnées le genre d’examens, les horaires de passage, le numéro de la salle, le nom du candidat, ainsi que les noms des quatre examinateurs et celui de l’observateur. Alors que je faisais le tour des affiches, j’ai été agréablement surprise d’y trouver mon nom et prénom. Je faisais partie d’un petit groupe de personnes qui allaient participer à une audience d’examen. Quel privilège !

C’est ainsi que le dimanche matin, j’ai vécu de l’intérieur le déroulement de deux examens TSTA. L’une des candidates travaillait dans le champ « organisation » et une autre dans le champ « psychothérapie ».

Avec mes collègues « bénévoles », nous avons eu l’opportunité de vivre tout le processus. Pendant que nous attendions avec une des deux candidates que les examinateurs lui demandent d’entrer, les émotions étaient tellement fortes et palpables qu’il nous était presque impossible de garder le silence comme demandé par les organisatrices, mais aussi par respect pour les personnes qui se trouvaient à l’intérieur.

Notre « Enfant Libre » était si enthousiaste de partager ce moment qu’il en a parfois oublié les recommandations et s’est laissé emporter par l’énergie de l’instant présent.

Sommet d’une montagne. Source : Mike Sember, pexels.

Lorsque ce fut notre tour d’entrer dans la salle et de prendre place sur les chaises à notre disposition, notre « Adulte » reprit les commandes pour permettre à la candidate de s’appuyer sur notre présence, notre écoute et répondre aux questions que nous lui posions.

Lors de tous ces moments chargés émotionnellement, il m’est apparu nécessaire d’exprimer combien j’ai été touchée par l’authenticité des personnes que j’ai eu le privilège de rencontrer. La sincérité du lien, la profondeur des échanges exprimés au travers d’un sourire, d’un regard, d’un geste ou de quelques mots partagés entre deux portes. Un florilège d’émotions transpirait tout autour de nous, allant de la peur, des doutes et des appréhensions à la joie, aux rires, aux larmes dont nous étions les témoins.

J’ai également été touchée par la générosité et l’intimité que je percevais entre les êtres. Un grand merci aux organisatrices sans qui je n’aurais pu vivre pareille aventure humaine. Cela m’a redonné foi en la vie, en l’amour, ainsi qu’en tous ces petits gestes, ces petites choses qui ne se disent pas, ne s’expliquent pas, mais qui se vivent et se ressentent au plus profond de soi, comme une vibration, une énergie partagée.

Après avoir pris un peu de recul et apaisé mon petit cœur chamboulé par tout ce que je venais de vivre, j’ai eu envie de partager le fruit de mes pensées, l’observation de mon vécu interne et m’inspirer des besoins relationnels, mis en évidence par Richard Erskine, pour décrire en quelques mots cette immersion dans un environnement bienveillant et très professionnel.

Schéma des besoins relationnels.

Avoir expérimenté le contact relationnel de manière saine et profonde m’a permis de ressentir qu’à cet endroit-là, je pouvais « être qui je suis » et que « comme je suis dans la relation », sans peur d’être rejetée, critiquée ou trahie, était ok ! J’ai éprouvé de manière viscérale l’absence de honte ou de jugement. Le respect mutuel des personnes que j’ai côtoyées m’a fait me sentir en sécurité physiquement et émotionnellement.

J’ai également pu apprécier la validation et l’acceptation par mes pairs, ainsi que par d’autres personnes bien plus expérimentées que moi. Mon rôle en tant que « bénévole », valorisé et reconnu par des professionnels compétents m’a donné la confiance, la cohérence et la structure dont j’avais besoin pour me sentir sereine. Ma présence avait un impact autour de moi et mon implication prenait tout son sens dans ce contexte.

L’un des plus beaux cadeaux que j’aie reçu est certainement la reconnaissance de la personne que je suis aujourd’hui et peu importe mes choix, mes décisions ou mes actes. Je me sentais comprise et vue. Les personnes présentes comptaient sur moi et, durant ces quelques heures, je me suis sentie importante.

Évidemment qu’en observant, écoutant et ressentant ce panel d’émotions qui émergeaient, j’ai idéalisé toutes ces personnes qui avaient accompli un travail remarquable en amont, qui mettaient en lumière leurs connaissances, leurs compétences, faisant preuve d’un savoir-faire et d’un savoir-être exemplaire et très modélisant. Conscientiser et apprécier tout cela m’a redonné la motivation, la confiance et la permission dont je manquais pour espérer à nouveau, qu’un jour, ce soit moi qui sois là à célébrer ma réussite personnelle comme professionnelle.

De nature plutôt discrète et réservée, pour qui le groupe a souvent été source d’insécurité, je n’ai à aucun moment ressenti un sentiment de dangerosité. J’ai découvert le vrai sens du mot « appartenance ». Appartenir à un groupe de personnes semblables, se sentir en harmonie avec l’autre, partager des moments intenses, intimes et profonds, m’a donné de concevoir la préciosité des vécus partagés et plus particulièrement ceux éprouvés avec mes collègues « bénévoles ».

J’ai eu la chance de travailler avec des personnes extrêmement bienveillantes, respectueuses et avec lesquelles nous parlions le même langage. Il m’a paru si simple et si fluide de collaborer ensemble. Une véritable entraide s’est créée, permettant à chacune d’exprimer ses besoins, ses envies. Avec elles, je n’avais pas besoin de porter un masque. Dès les premières heures, je me suis sentie très à l’aise, acceptée et reconnue telle que je suis véritablement. Peut-être est-ce cela qu’a ressenti ma thérapeute lorsque, sur le ton de la confidence, elle m’exprimait ressentir que quelque chose avait changé en moi, sans pouvoir réellement l’expliquer !

Les échanges partagés en toute simplicité, les signes de reconnaissance positifs reçus et donnés, les signes d’affection entrevus ou ressentis, témoignaient au passage de l’importance et la nécessité d’exprimer l’amour. Sans la satisfaction de ce besoin, je n’aurais certainement pas pu me dévoiler, ni vivre l’intimité dans un environnement protecteur et rassurant. L’amour était palpable dans chaque endroit où mon regard se portait et où mon cœur vibrait !

Je terminerai cet article en abordant brièvement le concept de l’autonomie eu regard à ce qui précède. Je me suis rendu compte que cet événement a été certainement l’une des rares occasions où, dans un groupe et en conscience, je n’ai pas basculé dans mon scénario, ni adopté un des comportements passifs dont je peux avoir le secret quelquefois.

Bien au contraire, je me suis sentie en contact interne et externe, dans l’ici et maintenant, appréciant chacun des moments passés à leur juste valeur. Vivre l’expérience du moment présent et garder en conscience que ces moments ne reviendront pas, mais que l’intensité de ces derniers restera gravée dans ma mémoire comme un cadeau des plus précieux.

La bienveillance, la générosité, ainsi que le professionnalisme de chacun et chacune m’ont permis d’accéder avec fluidité à chacun de mes états du moi, en cohérence avec l’instant vécu et partagé.

Il y a quelques années, voire même quelques mois, je n’aurais sans doute pas été capable de vivre autant d’intimité et encore moins avec des personnes que je ne connaissais pas. Aujourd’hui, pour l’avoir vécu dans des relations authentiques et sincères, je peux apprécier la valeur de ces instants profonds et vrais.

Et même s’il m’est encore parfois difficile d’exprimer ou de montrer mes émotions, je peux me souvenir combien c’est doux et réparateur d’aimer et de se sentir aimée, car c’est cela que j’ai vécu et ressenti durant ces examens EATA, conséquence de moments immuables, intemporels.


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